Les fantômes sont interdits dans les jardins publics mais les robots font la loi. Libres propos sur le non humain, le sujet de droit et l'invisible

International audience ; Cet article vise à examiner par deux expériences de pensée deux problèmes, dans la doctrine du droit contemporaine, qui sont liés entre eux. Le premier problème concerne le rapport qu'un système juridique établit entre des phénomènes que l'on peut dire invisibles (les phénomènes « mentaux » en particulier, intention, souffrance) et les signes visibles qui les manifestent. Le second problème concerne les critères selon lesquels un système juridique peut faire des non-humains des sujets de droit. Comme on le sait, différentes juridictions ont reconnu récemment comme sujets de droit des non-humains (grands singes et fleuves), et différents auteurs défendent la thèse qu’il faudra dans un avenir proche considérer comme sujets de droit d'autres non-humains (des robots). Notre but ici n'est pas d'interroger les arguments moraux et politiques qui peuvent conduire à considérer des non-humains comme des sujets de droits mais d'examiner les critères théoriques mobilisables par la théorie du droit et la doctrine pour prescrire ou décrire l’attribution à un non humain de la qualité de sujet de droit.