Hybridization between European and Africanized honeybees in tropical Yucatan, Mexico. II. Morphometric, allozymic and mitochondrial DNA variability in feral colonies

Les abeilles domestiques européennes élevées dans le Yucatan, Mexique, sous le climat sub-tropical ont subi dix ans de mélange génétique avec les colonies de descendance africaine. Leur état d'hybride a été maintes fois documenté [24, 26]. Il n'est pourtant pas clair que la forte densité d'abeilles européennes élevées au Yucatan ait eu une influence génétique sur la population sauvage récemment établie et censée être principalement africanisée [22, 29]. Cet article présente les résultats d'une étude à long terme sur le statut génétique des abeilles des colonies sauvages du Yucatan réalisée à l'aide de l'analyse combinée des caractères morphométriques, allozymiques et de l'ADN mitochondrial. Des colonies sauvages ont été récoltées en 1988, 1990, 1992, 1993, 1994 et 1996. Une probabilité d'africanisation (PA), calculée à l'aide des fonctions discriminantes morphométriques de Daly et Balling [3] et par un programme de morphométrie [30], a été attribuée à chaque échantillon. Les PA ont été utilisées pour classer les colonies en fonction des catégories de Rinderer et al. [30] et de Quezada-Euán et May-Itza [23]. En outre les polymorphismes des fragments de restriction de l'ADNmt sur les sites de coupure des enzymes EcoRI et BglII ont été étudiés [2, 9]. Les formes déviantes de la malate déshydrogénase (Mdh) et de l'hexokinase (Hk) n'ont été analysées que dans les colonies sauvages récoltées en 1996. Les résultats montrent que les colonies sauvages du Yucatan présentent divers degrés d'association entre les caractères morphologiques, les caractères allozymiques et les haplotypes européens et africains. Les fréquences des marqueurs européennes varient d'une année à l'autre, mais les marqueurs européens ou les polymorphismes sont présents dans la population sauvage pour toutes les années étudiées, indiquant un processus d'hybridation entre abeilles européennes et abeilles africaines. La comparaison des fréquences allozymiques avec celles du Brésil et du Costa-Rica a également montré que les loci européens étaient présents dans les colonies sauvages du Yucatan avec une fréquence supérieure. Ces données suggèrent que la taille de la population, les conditions du milieu et les caractéristiques de la population sauvage établie au Yucatan ont fourni des occasions quantitatives et qualitatives à l'introgression de gènes européens dans la population sauvage. On a ainsi une meilleure explication de la composition génétique actuelle des abeilles sauvages africanisées du sud-ouest du Mexique.