Establishing the limits and characteristics of normal age-related cognitive decline / Description et limites du déclin cognitif normal lié à l'âge

Position du problème : La recherche sur les pathologies liées au vieillissement se fonde non seulement sur une exploration étiologique, mais aussi sur une compréhension claire du processus de vieillissement normal. Cette étude examine les caractéristiques de sujets âgés à la frontière entre le vieillissement normal et le vieillissement pathologique. Méthode : Le fonctionnement cognitif est étudié à l'aide d'une batterie neuropsychologique informatisée, dans une population de 833 personnes âgées normales au sein de laquelle une cohorte de 397 sujets présentant des troubles sous-cliniques est suivie pendant trois ans. On propose aux sujets un examen neurologique standardisé et on cherche leur génotype ApoE. Résultats : L'analyse de la covariance ne montre aucune différence transversale liée à l'âge pour la compréhension syntaxique (p = 0,19), l'articulation (p = 0,46), l'appariement sémantique (p = 0,12), la lecture (p = 0,79), la mémoire implicite (p = 0,21); par contre on constate que la mémoire explicite et les aptitudes verbales et visuospatiales se dégradent à la fois dans les comparaisons transversales et dans le temps. On a mis en évidence grâce aux analyses de régression qu'un facteur global d'aptitude intellectuelle, dérivé d'une analyse en composantes principales, décline principalement chez les personnes de faible niveau d'éducation, et qu'un bon Q1 initial exerce un effet protecteur à partir de l'âge de 75 ans. Les sujets à haut niveau d'éducation font preuve d'une relative stabilité dans le temps pour le langage et la mémoire secondaire mais se détériorent aussi rapidement que les sujets à niveau d'éducation faible pour les tâches visuospatiales. Par des analyses de cluster nous avons différencié cinq profils de déficit cognitif sous-clinique. Deux groupes, ayant des profils cliniques différents, ont un risque accru de démence sénile (OR = 4,4 et 3,9). Un troisième groupe à prévalence élevée de dépression, et les deux derniers groupes manifestent des changements non progressifs. Conclusion : Le vieillissement n'affecte pas uniformément toutes les fonctions cognitives, un niveau d'éducation élevé ralentissant le déclin sur certaines tâches. On observe des profils de changement cognitif différents dans la démence sénile précoce, ainsi que dans les déclins cognitifs bénins et ceux dûs à une pathologie dépressive. Les résultats orientent vers la nécessité d'une sélection plus rigoureuse des groupes caractérisés par un vieillissement « normal » des fonctions cognitives.