Autoconservation de sperme et toxicité gonadique après traitement pour lymphome non hodgkinien. Expérience de l'institut Gustave-Roussy de 1980 à 1993 / Semen cryopreservation and postherapeutic gonadal dysfunction in non Hodgkin's disease. Experience at the institut Gustave-Roussy from 1980 to 1993

Plus de 50 % des patients traités pour lymphome non hodgkinien (LNH) ont des survies prolongées. Nous avons étudié rétrospectivement l'indication de la congélation de sperme préthérapeutique, son utilisation ultérieure ainsi que la toxicité testiculaire tardive de la chimiothérapie chez 213 hommes atteints de LNH, et traités à l'institut Gustave-Roussy de 1980 à 1993. L'âge moyen était de 30 ans (15-42 ans) et tous les malades ont eu de la chimiothérapie, éventuellement complétée par de la radiothérapie. Avant traitement, nous avons répertorié 24 spermogrammes (la moitié d'entre eux ont été réalisés entre 1991 et 1993) : 11 étaient normaux et 13 altérés (sept oligospermies avec de 5.106 à 20.106 spermatozoïdes/mL, sept asthénospermies, et huit tératospermies). Il n'y avait pas de relation entre la qualité du sperme et les paramètres cliniques initiaux. Seulement 22 conservations de sperme ont été possibles, et parmi les 16 patients en rémission complète prolongée, deux ont tenté une insémination à partir du sperme congelé, alors que les 14 autres maintiennent la congélation de leur sperme. Après traitement, sur neuf spermogrammes, trois montraient une reprise de la spermatogenèse. Les dosages sériques de FSH après traitement ont pu être effectués chez 48 patients : au-delà d'un seuil de 8 g/m2 de cyclophosphamide, ils étaient élevés chez 86 % des patients (p < 10-6) ; il n'y avait par contre pas de lien entre l'élévation de la FSH sérique et la dose cumulée d'adriamycine. Cinq patients ont eu des enfants après le traitement. La chimiothérapie des LNH semblerait donc induire une toxicité intermédiaire entre celle constatée après traitement de type MOPP et celle induite après ABVD : ceci justifie d'en informer les patients et de proposer, si nécessaire, une conservation de sperme.