Les suites /Cy/ > /Cju/ dans les emprunts en russe : Un problème pour l'approche perceptuelle

LaCharité et Paradis (2005), et Paradis et LaCharité (1997, 2001, 2003), qui soutiennent l'«approche phonologique», ont déjà apporté de nombreux arguments contre l'«approche perceptuelle» comme explication générale à l'adaptation sonore des emprunts lexicaux. Cet article offre un nouveau type de preuve en défaveur de l'approche perceptuelle: le fait que, pour des raisons phonologiques, l'adaptation d'un phonème de la langue source engendre dans la langue cible (L1) une suite phonotactique qui est perceptuellement anormale. C'est le cas de la suite /Cju/ issue de la suite étrangère /Cy/ dans les emprunts russes au français, à l'allemand et à diverses langues de la famille turque, où une consonne est palatalisée devant une voyelle arrière (/u/). Or, contrairement aux voyelles d'avant, les voyelles arrière ne constituent pas un contexte de palatalisation en russe. Ce fait contredit l'approche perceptuelle, selon laquelle l'oreille L1 reconstruirait ce qui lui est naturel lors de l'adaptation sonore des emprunts.