«Lou Zar », «Lou Zoulou », «le Préfet », «le Fricassé »... La moquerie par les sobriquets dans un village de Basse-Provence
In: Le Monde alpin et rhodanien. Revue régionale d'ethnologie, Jg. 16 (1988), Heft 3-4, S. 119-136
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Dans la recherche anthroponymique récente, la question du sens de la pratique de la surnomination a souvent été masquée ou éludée par une trop évidente fonction distinctive que le surnom remplirait efficacement et par nécessité. C'est faire peu de cas des contextes de dation et d'énonciation de cet appellatif qui révèlent, dans la Basse-Provence du début du siècle, des stratégies précises pour un enjeu plus profond que celui de la seule logique descriptive. Majoritairement représentés d'entre les surnoms, et exclusivement liés à une situation de moquerie ou tout simplement de rire, les sobriquets — engagés principalement dans les lieux et institutions de la sociabilité masculine mais enrôlant toutes les instances de la société villageoise — définissent à l'intérieur d'une communauté idéalement centrée sur elle-même des figures emblématiques des marges et de l'altérité : le riche, le pauvre et l' «étranger ». Expression d'un jeu dialectique entre exclusion /neutralisation et intégration, l'ensemble de ces noms donnés tisse, par la médiation d'un rire fédérateur, la trame fondamentale d'une identité collective qui repose sur une mutation sans cesse reconduite d'un groupe de résidence, objectivement très diversifié, en un groupe d'appartenance, mythiquement réconcilié avec ses différences.
"Lou Zar", "lou Zoulou", "le Préfet", "le Fricassé"... Scoffing nicknames in a Basse-Provence village. In recent anthroponymic research the question of the meaning of the habit of giving nicknames has often been concealed or evaded by too obvious a distinctive function which nicknames would efficiently fill out of necessity. It sets little store by such contexts in which this appellative is given and enunciated, revealing précisé strategies in early 20th century Basse-Provence for a far more serious stake than mere descriptive logics. Mainly represented from among appellations, and exclusively linked to a scoffing or merely comic situation, nicknames — especially involved in the places and institutions of maie sociableness while encompassing all the proceedings of village society — define, within an ideally self-centred community, characters who epitomize social borders and the otherness : the rich man, the poor man and the «stranger ». An expression of a dialectic play between schemes of exclusion/neutralisation and integration, these given names as a whole, through the médiation of an allencompassing laughter, weave the main fabric of a collective identity resting on the permanently renewed alteration of an objectively quite diversified dwelling group into a belonging group mythically reconciled with its differences.
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«Lou Zar », «Lou Zoulou », «le Préfet », «le Fricassé »... La moquerie par les sobriquets dans un village de Basse-Provence
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Autor/in / Beteiligte Person: | Tornatore, Jean-Louis |
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Zeitschrift: | Le Monde alpin et rhodanien. Revue régionale d'ethnologie, Jg. 16 (1988), Heft 3-4, S. 119-136 |
Veröffentlichung: | nL: PERSEE, 1988 |
Medientyp: | academicJournal |
ISSN: | 0758-4431 (print) |
DOI: | 10.3406/mar.1988.1389 |
Sonstiges: |
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